Le vieux
- Jean-Michel Imhof
- 14 déc. 2020
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Le vieux.
Il traîne son pas.
Jusqu’à moi.
Je lui laisse le banc.
Il remercie, content.
Son vieux paletot noir,
Ce futal usé,
Ses semelles rongées.
Il tient son flacon dans la main.
Il vient de l’acheter.
Du blanc, comme son teint.
Dans l’autre un sachet,
Avec peut-être,
De quoi manger jusqu’à demain,
Une miche de pain.
Il attend comme moi.
Il me dit : « Il viendra, ne t’inquiète pas ».
Dans son habit d’errance, si courtois.
Des yeux si pâles.
Le vieux.
« T’es un bon gars », il me lance.
Des yeux malins.
Il a dû faire son chemin.
Il part pisser,
Dans un buisson qui fait le coin.
Le vieux.
Quand il revient,
Il jette,
Il lance,
Ses regards denses.
Il retouche sa veste,
Lisse son pantalon.
Il est un peu sale,
Mais il est digne,
Avec une certaine classe,
Le vieux.
Il est seul,
Sur cette route.
A part moi.
Qui le regarde.
Qui était-il ?
Qui a-t-il été ?
Il reste là,
Gratte sa vieille tête,
Et remet l’argent clairsemé en place.
« Il viendra, il va arriver »,
Il dit encore.
Il veut me rassurer.
Regards bleus glaciers,
Dans le pays de l’Egée.
Ce vieux-là,
J’aimerais lui parler,
Mais je n’ose pas.
Jusqu’à ce qu’il arrive
À son terminus,
Il regardera.
Clairs, doux, malins,
On dirait que ses yeux voient plus loin.
Où part-il maintenant ?
Je le regarde s’effacer.
Avant qu’il ne me quitte,
Juste un salut appuyé.
La seule marque d’estime
que j’ai réussi à lui donner.
Le vieux,
Il a regardé,
Et il a passé.
Il ne me quitte pas.
Il l’a dit : « Il viendra ».
Oh Vieux !
Mais de qui parlais-tu ?
J’aurais voulu davantage
L’attendre avec toi.
Et peut-être en silence,
Poser sur ton visage
Un regard qui te dise
Que m’importe ta présence.
Bleus glaciers dans l’azur de l’Egée.
Loin de m’effrayer,
Tes yeux,
le Vieux,
Je m’y suis
Un instant,
Reposé.
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